Créé en avril 2003, le Laboratoire Citoyennetés a 20 ans. A l’occasion, l’organisation a convié des acteurs de son domaine d’intervention à une conférence internationale autour du thème : « Le Sahel à l’horizon 2050 : repenser les rapports Etat-citoyens ». Les 14 et 15 mars 2023, à Ouagadougou, elle a été l’occasion de faire le bilan et d’envisager des perspectives pour un Sahel avec une citoyenneté beaucoup plus marquée et responsable.
La conférence internationale, à l’occasion des 20 ans du Laboratoire Citoyennetés, s’est tenue en présence de personnalités politiques nationales, locales, du monde des organisations de la société civile, des experts, des universitaires, ainsi que des partenaires du Laboratoire. « Il y a 20 ans, nous avons fait le pari d’être une force de proposition alternative en matière de décentralisation et de gouvernance, notamment, la gouvernance locale. C’était un pari assez audacieux, car l’aventure apparaissait comme un saut dans l’inconnu. » Dixit Raogo Antoine Sawadogo, président du Laboratoire Citoyennetés. Malgré la noblesse de l’ambition, il y avait des inconnus mais surtout une certitude : « les citoyens du Burkina Faso, du Niger, du Bénin, du Mali, du Sénégal et bien d’autres pays avaient une quête profonde d’une gouvernance de proximité (…), d’une gouvernance qui les responsabilise dans le choix de développement, d’une gouvernance dans laquelle ils ont voix au chapitre », a expliqué le président du Laboratoire Citoyennetés.
20 ans après, l’ensemble des acteurs a reconnu la pertinence d’une organisation qui a créé et renforcé une citoyenneté responsable dans plusieurs pays, capable d’impulser le développement local. Le président de l’Association des municipalités du Burkina Faso, Maurice Konaté, par ailleurs président de la Délégation spéciale de Ouagadougou, a salué la contribution du Laboratoire Citoyennetés depuis les 20 dernières années dans le renforcement de la citoyenneté et de la décentralisation. Il a souhaité que cette structure demeure un partenaire, eu égard aux études déjà réalisées et qui ont accompagné la décentralisation et la gouvernance locale au Burkina Faso. Et pour Claudio Tognola, chef de la coopération Suisse au Niger (DDC/Niamey), la diversité du Laboratoire Citoyennetés, avec sa trentaine de membres, a fait du « Labo » une structure citoyenne forte à travers le Burkina Faso et dans la sous-région.
Des enjeux majeurs décortiqués pour l’horizon 2050
« Le Sahel à l’horizon 2050 : repenser les rapports Etat-citoyens » a été le thème central de cette conférence. Quatre grandes thématiques ont permis les réflexions autour de la citoyenneté. Il s’agit de « Citoyennetés et gouvernance », « Citoyennetés et changement climatique », « Citoyenneté et population » et enfin, « L’aide au développement en question, quelles stratégies pour répondre aux défis des Etats du Sahel ?». A propos de la gouvernance, il est ressorti qu’il y a eu des mécontents, des apatrides et l’on a perdu la démocratie. La citoyenneté dans les pays du Sahel est un processus lent et non linéaire. L’importance de l’implication des citoyens n’est plus à démontrer. Quant à la question du changement climatique, il est constant, selon les participants, qu’il menace sévèrement l’existence des pays du Sahel.
Des échanges et partages d’expériences, il est ressorti qu’il faut impérativement sécuriser les zones en les aménageant et en les rendant économiquement viables et ce, par la création de zones franches et de coopération. Même si les pays s’organisent tant bien que mal, le problème de transmission des informations au local persiste, et un accent doit être mis sur le reboisement pour lutter contre les effets du dérèglement climatique. Toutes les actions doivent être orientées vers la protection de l’environnement. Le Secrétaire exécutif du CILSS, Dr Abdoulaye Mohamadou, a soutenu, lors de la cérémonie d’ouverture, que la tenue de cette conférence était la preuve que les initiateurs du Laboratoire Citoyennetés ne se sont pas trompés. Il a également salué leur rôle capital durant les 20 ans, les actions qui ont privilégié le local. Avec ses experts, le Laboratoire Citoyennetés a fait le choix d’être auprès des citoyens, a-t-il dit. Au regard de la pertinence du thème, il a fait remarquer que les bouleversements actuels ouvrent une nouvelle page et de nouvelles dynamiques qui préfigurent dans la construction de la citoyenneté sahélienne de demain.
Après 20 ans, les perspectives s’annoncent dans le sens de la production des connaissances, de l’ensemencement des idées, et du renforcement de l’appropriation de la citoyenneté. Cette conférence a permis de rendre hommage au Laboratoire Citoyennetés pour ses actions. Des questions comme l’élargissement du champ de la citoyenneté, l’intensification du travail sous l’angle des individus-personnes dans leur propension à investir une « communauté en construction », la confiance, la coconstruction, la coordination, l’épineuse problématique du partenariat et de l’aide au développement, etc. sont en réflexion au sein de ce « laboratoire ».
