Le Directeur général de la Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) a donné, ce 13 septembre, au siège de l’institution, à Ouagadougou, des précisions sur le nouveau réaménagement tarifaire de l’électricité qui commençait à susciter interrogations et inquiétudes pour tous les consommateurs. En substance, des « clients spéciaux » ne bénéficieront plus de la subvention étatique, et paieront désormais le « juste prix ». Cette mesure entrera en vigueur à partir du 1er octobre 2023. A contrario, le coût de la consommation pour les ménages ne connaitra aucune augmentation.
Suite à la décision du Conseil des ministres du 06 septembre 2023, afférent au réaménagement de la tarification de la consommation de l’énergie, le Directeur général de la SONABEL, Souleymane Ouédraogo, a senti le besoin de communiquer, au regard des interrogations et des inquiétudes qui se faisaient entendre. D’entrée de jeu, le Directeur général a laissé entendre que la mesure prise par l’Etat vise, notamment, à « corriger des distorsions de longues dates » qui s’opéraient dans le secteur de l’énergie. En effet, le gouvernement burkinabè engageait d’énormes moyens pour subventionner la consommation de l’énergie.
Et tous les consommateurs de façon indifférenciée, y compris ceux qui jouissent d’une capacité financière leur permettant de s’en passer, bénéficiaient de cette subvention. Ce qui semble « injuste » pour la Direction de la SONABEL qui estime d’ailleurs que nombre de ces consommateurs n’en ont même pas besoin. En clair, désormais, les « clients spéciaux » nommément cités ne bénéficieront plus des subventions de l’Etat burkinabè. Il s’agit des banques, des compagnies d’assurance, des sociétés de télécommunication, des Ambassades, de l’industrie du tabac et des institutions internationales. Ces consommateurs paieront désormais l’énergie au « juste prix ».
Pourquoi ?
Le Directeur général étaye ses propos par une étude réalisée qui démontre à souhait que ces entités visées ont la capacité financière pour faire face au coût de l’énergie qu’elles consomment. En effet, l’étude a révélé que ces clients visés faisaient en moyenne un bénéfice net de 57 milliards FCFA. Ils ont donc une « capacité financière suffisante » pour se passer de la subvention. Ces clients en bénéficiaient au même titre que des consommateurs qui poursuivent un objet social comme les centres de santé. Et pendant que ces derniers ployaient sous le coût de l’énergie, ceux qui ont un objet commercial engrangeaient des bénéfices exponentiels.
Le Directeur général de la SONABEL précise que ce réaménagement tarifaire n’a pas été unilatéralement adopté mais de façon concertée. Il ajoute d’ailleurs qu’en plus de l’étude qui a été réalisée, sa structure s’est inspirée des grilles tarifaires pratiquées dans certains pays comme la Guinée Conakry, le Nigeria, la Côte d’Ivoire…. La Direction de la SONABEL souligne que pour l’instant, ce sont les clients spéciaux ci-dessus qui sont concernés. Cependant, elle avertit que la mesure sera dynamique pour prendre en compte d’autres gros consommateurs.
« Quand le contexte change, la stratégie doit s’adapter »
Le conférencier a salué un « choix salutaire et stratégique » qui allègera le poids de la subvention et permettra à la SONABEL de reprendre des forces. « Quand le contexte change, la stratégie doit s’adapter », signale-t-il. Le DG Souleymane Ouédraogo révèle que de 2006 à 2022, l’Etat burkinabè a déboursé plus de 444 milliards FCFA pour subventionner l’électricité et permettre à la SONABEL de fonctionner. En 2022, l’Etat a subventionné 72 milliards FCFA pour l’électricité produite par la SONABEL. Le Directeur général ajoute que l’Etat burkinabè a toujours supporté les augmentations des coûts du dollar et du baril du pétrole à l’international. Et ces subventions pèsent « énormément sur l’Etat burkinabè, alors que celui-ci fait face à plusieurs urgences ». Pour lui, le contexte international impose ce réaménagement qui permettra d’ailleurs à son institution de dégager un gain substantiel de 10 milliards de francs CFA.
Pas d’augmentation du coût de l’électricité pour les citoyens et les ménages
L’autre importante précision faite par le Directeur général de la SONABEL est celle de savoir qu’il n’y aura pas « d’augmentation de prix pour les citoyens et les ménages ». Mieux, il a martelé que sa structure travaillerait à améliorer le niveau de couverture d’électrification au Burkina qui est actuellement à 25% seulement. Il a également annoncé que d’ici la fin d’année, le Burkina Faso produirait une puissance solaire de 100 mégawatts.
Aïcha TRAORE