Le mardi 6 février 2024, l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC) a présenté son rapport d’activités pour le compte de l’année 2022, lors d’une conférence de presse. La présentation a été assurée par le Contrôleur général adjoint, Urbain Millogo, qui assure l’intérim du Contrôleur général, accompagné de plusieurs membres de son équipe. Le rapport a dévoilé de grosses pertes financières et de nombreuses irrégularités.
Selon Urbain Millogo, les vérifications effectuées portaient sur la gestion financière et comptable de vingt et un (21) ministères et institutions pour les années budgétaires 2020 et 2021. Les taux de couverture des dépenses auditées de 2020 et 2021 étaient respectivement de 55,23% et 56,40%. D’après lui, le rapport révèle d’importantes pertes financières et des irrégularités significatives. Le classement des dix premiers ministères et institutions ayant subi des pertes financières est dominé par l’Assemblée nationale, avec un montant de 11.735.073.931 FCFA, suivie du ministère des Infrastructures et du Désenclavement avec un montant de 2.327.270.669 FCFA et de la Présidence du Faso avec un montant de 606.280.754 FCFA. Au total, les pertes financières causées par des agents des ministères et institutions s’élèvent à 16.496.401.536 FCFA. Cependant, les dépenses de personnel et les transferts courants n’ont pas été audités, a déclaré le conférencier du jour, Urbain Millogo.
Dans la présentation du rapport d’activités 2022, le Contrôleur général adjoint a également souligné les résultats de l’audit concernant la gestion financière et comptable du ministère de la Défense et des Anciens combattants. Selon lui, l’audit a permis de déceler des failles dans le domaine des marchés publics et dans la gestion matérielle des stocks d’armements, de munitions et d’optiques.
En ce qui concerne les marchés publics, le rapport révèle que deux cent quarante et une (241) commandes publiques d’une valeur totale de 482.048.128.759 FCFA ont été examinées. Il en ressort des lacunes dans la répartition des responsabilités au sein de la chaîne de mise en œuvre des marchés publics qui pourraient entraîner des pertes financières, selon le Contrôleur général adjoint. Il s’agit, notamment, de l’accumulation de fonctions incompatibles d’ordonnateur, de Directeur de l’administration et des finances et de contrôleur financier par une seule personne. En ce qui concerne le secteur de la défense, l’ASCE-LC a relevé des insuffisances dans l’attribution des contrats d’armements et de munitions. Sur quatorze (14) contrats d’un montant de 83.507.507.233 FCFA, huit (08) contrats d’un montant de 75.106.677.520 FCFA, soit un taux de 89,94%, ont été attribués à plusieurs entreprises appartenant à une seule personne.
S’agissant de la gestion matérielle des stocks d’armements, de munitions et d’optiques, le Contrôleur général adjoint, en présentant le rapport, a fait savoir que cette gestion est caractérisée par le non-respect des normes de sécurité en matière de stockage des matériels, d’armements, de munitions et d’optiques. Une situation qui comporte de nombreux risques, selon le responsable par intérim de l’ASCE-LC. Cependant, il a salué le fait que les indemnités spéciales des militaires en opérations intérieures soient effectivement payées dans les délais prescrits pour l’échantillon audité.
Il est à noter que les audits ont porté sur les marchés publics, les comptes de dépôt, les régies d’avances, le carburant et les lubrifiants, les frais de missions à l’intérieur et à l’extérieur du pays, les frais de voyage, les rémunérations, les dons en faveur des personnes politiquement exposées (PPE).
Simplice ZONGO
