Le ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme a initié une série de conférences régionales sur le thème : « Lutte contre l’extrémisme violent au Burkina Faso : rôle et responsabilité des professionnels des médias et des blogueurs dans la promotion de la paix et de la cohésion sociale ». La première conférence a eu lieu à Ouahigouya, le 9 juin 2023, au profit des journalistes et blogueurs de la région du Nord.
L’activité vise le renforcement des compétences des professionnels des médias et des bloggeurs dans un contexte aussi complexe que celui que vit le Burkina Faso. Dans le discours d’ouverture de la conférence, le message du ministre de la Communication, message livré par le Secrétaire général de la région du Nord, Albert Zongo, il est ressorti que « si l’émergence des réseaux sociaux a fait perdre aux médias et aux journalistes le monopole de la diffusion de l’information, force est de reconnaître » que ces derniers demeurent « les principaux vecteurs de diffusion d’une information saine. » Il est donc impératif, dira le ministre, « d’instituer des cadres de concertation avec les leaders d’opinion que sont les professionnels de l’information et les blogueurs, en vue de rassurer les populations en détresse et souvent désemparées, sur les actions menées par l’Etat pour libérer les localités du pays sous contrôle de ces groupes armés terroristes. »
Quatre communications ont été livrées par des professionnels de la communication, du journalisme et de la sécurité. Il s’agit d’abord, de Dr Emile Bazyomo de l’Université Joseph Ki-Zerbo. Il a exposé sur « rôles et responsabilités des leaders d’OSC, des acteurs de l’information et de la communication dans la promotion de la paix et de la cohésion sociale ». Pour lui, il existe des pièges tendus par le terrorisme devant les journalistes. Et dans ce contexte, « les médias et les informateurs sont instrumentalisés à leur corps défendant ». Du coup, cela demande une grande lucidité de ceux qui manipulent l’information. En plus, il faut arriver à « concilier liberté et responsabilité d’informer, droit de savoir et devoir de protéger, tout en respectant les normes et valeurs démocratiques ». Dr Emile Bazyomo a terminé en donnant une liste de conseils aux professionnels de l’information.
Dr Victor Sanou, quant à lui, s’est appesanti sur le thème de la « lutte contre l’extrémisme violent au Burkina Faso : « rôle et responsabilité des professionnels des médias et des blogueurs dans la promotion de la paix et de la cohésion sociale ». D’emblée, il a invité les acteurs à se départir des « rumeurs et des informations alarmistes ». Le gouvernement devrait, certes, offrir aux citoyens des informations transparentes mais aussi « écouter leurs attentes et accompagner le changement de comportement ». Car le fondement de la communication gouvernementale demeure l’intérêt général. Estime-t-il.
Le journaliste et enseignant, Moussa Sawadogo, a, quant à lui, suggéré des pistes de « contribution des journalistes pour une véritable refondation au Burkina Faso ». Tout en interrogeant la pratique journalistique au Burkina Faso et en rappelant le rôle social du journaliste, il a engagé une réflexion sur la mission que le journaliste burkinabè peut se fixer dans le cadre de la refondation en cours. Et pour lui, cela est bien possible, car le journaliste est en mesure de remodeler la société. Cependant, il est impératif que le gouvernement établisse un bon climat pour une meilleure collaboration avec les journalistes.
Le Commissaire de police, Paul Nikièma, a fait l’état des lieux et des perspectives dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Sur ce dernier aspect, l’extrémisme violent, le Commissaire a expliqué plusieurs facteurs déterminants qui sont : les facteurs politiques, comme la corruption et la mauvaise gouvernance, l’injustice et l’impunité, la persistance de l’incivisme et de la défiance envers l’Etat, la persistance de la défiance envers l’appareil judiciaire, la brutale répression de l’Etat, la violation des droits de l’Homme, etc. Quant aux autres facteurs de l’extrémisme violent, le Commissaire de police a identifié des facteurs socioéconomiques, culturels, conjoncturels et attractifs comme la vengeance, le parcours et les motivations personnels et la victimisation, ainsi que des facteurs idéologiques. Comme solutions, se basant sur les mécanismes internationaux connus, il a suggéré la promotion du dialogue et la prévention des conflits, la promotion de la bonne gouvernance, l’autonomisation des jeunes, la promotion de l’égalité du genre et l’autonomisation des femmes, la promotion de l’éducation, du développement des talents et la facilitation de l’accès à l’emploi et une communication stratégique.